Ce sont des chasseurs qui posent fièrement avec la capture du jour, de jeunes écolières sagement assises dans leurs bancs de classe, des vues d’un chalet au bord d’un lac ou encore des enfants à la plage affrontant la caméra avec un grand sourire. Peu importe si les images sont parfois un peu floues ; les souvenirs qui y sont rattachés le sont souvent d’ailleurs devenus aussi. Tel est le sort des photos de famille. Elles sont prises dans la joie du moment, pour commémorer plus tard un événement marquant de la vie familiale, un anniversaire, un mariage, la naissance d’un enfant, ou bien encore des vacances sous un ciel ensoleillé. Elles regorgent d’histoires qui perpétuent le souvenir, tout en affirmant en même temps l’identité de la famille et l’appartenance de ces membres au même groupe. Au fil du temps cependant, les anecdotes perdent en clarté. La mémoire devient mois nette, et les photos sont rangées dans des cartons, des tiroirs ou des valises, où elles sont peu à peu oubliées.
Neckel Scholtus puise dans cet imagier familier et familial, à la fois puissant et anodin, pour lui insuffler une nouvelle vie. Elle fouille dans des albums ou dans des cartons à photos, tendrement, respectueusement, à la recherche de traces visuelles ou émotionnelles qui peuvent reconnecter le présent au passé. Elle sélectionne, puis juxtapose ou superpose ces images qui ont perdu leur voix et leur rend la parole grâce aux nouvelles histoires qui jaillissent de leurs rencontres.
De manière importante, le travail de Neckel Scholtus est le résultat d’un effort collaboratif. Pour cette exposition l’artiste s’est notamment adressée aux pensionnaires de la maison de retraite Cipa Gréngewald, aux résidents du Syrdall Heem ainsi qu’à l’association Geschichtsfrënn vun der Gemeng Nidderaanwen. Ensemble, ils ont parcouru des centaines de photographies et discuté de leur valeur affective ou des souvenirs qu’elles véhiculent avant de procéder à un choix. Les oeuvres présentées sont donc issues d’un échange riche et fructueux. Elles nous plongent dans le passé et ouvrent pourtant de nouveaux espaces narratifs en prolongeant, dans l’espace public, l’existence de ces trésors de la vie privée.
Françoise Poos, 14/04/2018

Merci aux participants:
Gringor Ernest, Lahr Pierre, Muller-Barthélemy Julie, Rach Pierre, Reuter Suzanne, Thiltges Edme, van der Vekene Emile, Waldbillig Dolly, Weber Ed.